L’aventure commence au pas de ma porte.

 

Que je photographie les arbres d’une forêt traversée, des herbes courbées par le vent, un lever de soleil en Aubrac, Cévennes, Ardèche, ou encore dans quelque pays nordique, c’est la lumière douce du matin, celle aussi de l’hiver ou de l’automne lorsqu’elle filtre à travers la brume, c’est cette lumière qui m’appelle. Elle me fait oublier l’appareil photo rangé dans le sac et quand mes yeux sont rassasiés du paysage, il en sort pour garder une mémoire de l’instant. 

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Jean Discours ne se préoccupe pas de chercher ou de trouver un beau sujet, il photographie. Son œuvre est une rencontre, parfois fulgurante, dans un bain de lumière. Ses photographies naissent certainement de cet instant précis et précieux où s'entrecroisent l’émotion et l'espace, une suite accélérée de possibles, d'intuitions.

C'est peut-être en marchant que Jean questionne sa pratique de la photographie, l'idée du paysage, comment aller au-delà de ce qu’il a déjà réalisé, comment oublier ses habitudes, comment trouver son écriture, sa lumière. Comment voir mieux.

Jean Discours a certainement ce besoin impérieux de se retrouver dans des contrées qu’il aborde pour la première fois sur des sentiers escarpés et nous fait partager son émotion, il ne photographie pas un paysage : il aime ce paysage.

Il aime ce paysage, c’est comme s’il voyait le monde pour la première fois, sans qu’aucune expérience ait pu l’alourdir. Son regard est aussi singulier que le serait celui de nouveaux venus sur la terre ! Sa création chemine vers la simplicité, vers le plus simple moyen d’expression.

Devant le spectacle de la nature, renouvelé par la représentation photographique, Jean Discours, nous semble-t-il, retrouve quelque chose de son enfance, sa fraîcheur, sa sensibilité, sa pensée, des chocs primitifs de surprise, qui ont provoqué et dirigé sa compréhension du monde.  Si certains artistes créent leur propre univers, d’autres reconstituent la réalité. Jean Discours fait partie des premiers. Le monde qu’il crée nous interpelle et nous donne à penser. Ce monde, doit être perçu comme une réalité objectivement reproduite dans l’immédiateté de l’instant fixé.

Voici un photographe qui utilise l’œil de l’objectif de son appareil comme un peintre ses pinceaux ; nous savourons la brume, la rosée, la neige et la glace.

Jean Discours ne s'attache pas aux paysages, il s'assimile à eux, devient lui-même ces paysages, et lorsqu'il s'y est totalement identifié, il les offre à nos yeux.

 

Christian Astor